Hommage à Ismaël Massebœuf
par François Warin


Ismaël Masseboeuf, qui conservait dans sa mémoire,
celle de tout un village.
(mosaïque de photos extraites du film de M. Triffoz).

Texte lu par François Warin le jour des obsèques d'Ismaël Masseboeuf:

La République n'est parvenu à bâtir ni des temples ni des tombeaux !

Aussi il est bien que ce soit au cœur du village, dans cette église de Quinson que l'on ait rendu les derniers honneurs à ce bon et vieux républicain d'Ismaël que l'on devinait pourtant réservé sinon hostile envers les choses de la religion.

Mais je ne voudrais pas laisser partir l'ami Ismaël sans dire un mot d'hommage, de reconnaissance et d'amitié.

Il faut, par-delà le formalisme et l'anonymat des rituels auxquels nous venons d'assister, il faut prononcer publiquement quelques mots parce qu'Ismaël était certainement avec Yvonne Maubert la figure marquante ou une figure majeure du village.

Ce village il l'habitait pleinement et l'on savait, au gré des heures de la journée, où le trouver, sur quel banc de bois ou de pierre, à l'ombre de quel arbre on pouvait le rencontrer en train de deviser ou de lire son journal.

Ce village, il le connaissait à fond et il en était la mémoire vivante.

De son immense savoir, il nous a fait profiter. D'abord méfiant à notre égard, il a fini par nouer avec nous une profonde et chaleureuse amitié et c'est lui qui à la fin venait nous chercher pour nous faire visiter un coin de pays que nous ne connaissions pas. Pas de livre concernant l'histoire de la région qu'il ne nous ait prêté, pas de campagne, de bastidon, de masure, de vieilles pierres qu'il ne nous ait fait découvrir.

Cette amitié un peu bourrue n'allait pas dans une certaine distance et il n'a consenti à franchir le seuil de notre porte que le jour où le livre sur Quinson qui lui devait tant est paru. Il rayonnait alors parce qu'il savait bien avoir contribué à une entreprise qui fondait l'identité du village et lui donnait ses lettres de noblesse. Et il a rayonné tout l'été jusqu'à ce que suite à des ennuis de santé, il soit envoyé à l'hôpital.


François Warin en compagnie
d'Yvonne Maubert

Je me rappellerai toujours la visite qu'il m'a fait faire du cimetière, ce haut de la mémoire ; il connaissait l'histoire de chacun des trépassés et il m'a appris à prendre sur moi les drames et le poids de souffrance de ceux qui avaient été particulièrement accablés par le destin.

C'est dans ce même cimetière que dans la tristesse nous l'avons accompagné pour lui rendre un dernier hommage. Qu'il aille en paix et que la terre lui soit légère !

Cette tradition qui est proprement transmission nous appelle à respecter une mémoire et à préserver un site : à répondre aux défis du présent par une salve d'avenir.

François Warin
Président de QHD

Association 1901
dont l'objet est l'étude de l'histoire locale de Quinson, et du patrimoine historique et culturel de Quinson, afin de mieux appréhender son avenir,