Les études

de Claude Vinchon

et Jean Mouly

 

Claude Vinchon, infatigable cherchant, a entrepris depuis plusieurs années de répertorier l'évolution de Quinson au fil des siècles.

Historien, méthodique, il a collecté une masse d'information à partir des archives communales et départementales sur:

· 2000-2001: étude généalogique des familles de Quinson depuis le XVIIe siècle.
· 2000-2001: étude des archives des compte rendus de conseils municipaux XVe,XVIe et XVIIe siècle.
· 2001: le procès entre Quinson et La Verdière (voir résumé ci-après).
· 2002-2003: étude cadastrale des maisons de Quinson.

Les études de Claude Vinchon sont disponibles auprès de l'Association ou en s'adressant à l'auteur:

Elles seront bientôt disponibles en ligne sur ce site (fin 2004). En attendant nous vous offront un aperçu de l'étude portant sur le procés entre Quinson et La Verdière à propos de la possession de Mala Soque.

Mala Soque, une enclave bas-alpine dans le Var, les enjeux de cinq cents ans de procédures.
(Compte rendu par Jenny Hall d'une étude effectuée par M. Claude Vinchon en 2000, 2001.)

Le promeneur qui s'engage sur le GR 99, entre le pont du Verdon et Saint-Julien, ne peut s'imaginer que la zone inculte de maquis et de rocailles qu'il traverse ait pu présenter un intérêt économique tel que le droit de défricher et de cultiver la terre, d'y faire pâturer le bétail, d'exploiter le bois, de chasser, n'ait cessé durant cinq siècles d'opposer les habitants de la communauté de Quinson au seigneur et aux habitants de la Verdière.

En effet, dès le début du XIIIè siècle, les Quinsonnais avaient obtenu de leur seigneur le droit d'exploiter une partie de l'ancien terroir de Brauch situé au sud du Verdon, à savoir Malla Souqua (1275), Malesauque (1713), Mala Soque (1995)…

Afin de délimiter l'espace accordé aux uns et aux autres, et de résoudre les contentieux qui surgissaient entre eux, textes officiels, procès et jugements se succédèrent à partir de 1251. Les litiges attestés par les documents des XIIIè et XIVè siècle que nous avons étudiés semblent s'être atténués ensuite, mais la querelle reprit une virulence particulière durant le XVIIè et la première moitié du XVIIIè siècle.

Procès intentés devant le parlement d'Aix, demandes en nullité, provocations du seigneur de La Verdière, transfert du dossier à Grenoble, appels en cassation, délocalisation auprès du parlement de Toulouse qui ordonna une nouvelle expertise en 1742, en conséquence de laquelle " la communauté de Quinson a été maintenue en possession du terroir de Mallesauque "…

En fin de compte, Quinson annexa définitivement un territoire sur lequel à l'origine -en 1251- elle n'avait que des droits d'usage. Depuis lors, ce terroir si controversé est demeuré bien communal.

(Compte rendu par Jenny Hall d'une étude effectuée par M. Claude Vinchon en 2000, 2001.).


L'étonnante aventure d'André Sixte Fouque,
par Jean Mouly

Jean-Mouly, architecte DPLG, passionné d'architecture militaire, est à l'origine des visites guidées de Quinson et de la prise de conscience par les habitants du patrimoine historique et architectural du village médiéval.

Conteur à la verve intarissable, il a reconstitué, à partir d'un "carnet d'ouvrier" l'étonnante aventure d'André Sixte Fouque, né à Quinson en 1799, ouvrier boulanger de 1822 à 1835, que l'on retrouve à Quinson en 1850 (?) comme.... instituteur.

Dans le déménagement de l'ancien moulin à huile du Collet - qui appartenait à L.P. Fouque en 1825 avant d'être vendu en 1893 à JP Bagarry - Hervé Bergamasco a découvert un document étonnant qui retrace la carrière tout à fait singulière d'André Sixte FOUQUE.

C'est un "CARNET D'OUVRIER", document que tout apprenti ou compagnon devait posséder, attestant de son domicile et de son lieu de travail - document visé et contrôlé par le commissaire de police; faute de ce document, on était immédiatement emprisonné pour vagabondage - car les pouvoir successifs se sont toujours inquiétés de ces travailleurs migrants, "capable de se regrouper, de se liguer et de fomenter des troubles de l'ordre public"... Il n'était pas bon - déjà - d'être S.D.F. !

Le livret d'ouvrier d'André Sixte FOUQUE
- Il est du modèle réglementaire; un petit carnet entoilé, fermé par une fine cordelette, de dimension réduite - 9x13 cm, comportant 15 feuillets
- le présent carnet est établi le 7 août 1822 et se termine le ...(pas de date ?)
- En en-tête du carnet, soigneusement imprimé, figure le texte officiel de "l'ARRETE relatif au livret dont les ouvriers travaillant en qualité de compagnon ou de garçons devront être pourvus".
- Arrêté en date du 9 frimaire, AN XII -
Suivent 6 pages explicitant les formalités à remplir pour son attribution ou son renouvellement - le rôle du commissaire de police chargé de ces contrôles - et les sanctions encourues ( .. la prison ! ..)

Nota: le tout signé ... du premier consul BONAPARTE ... on aurait pu penser que la Révolution Française aurait affranchi les ouvrier de ce contrôle policier permanent !

Sur la première page, l'identité du possesseur du livret "Livret d'ouvrier boulanger marseille 7 août 1822, établi pour le "André Sixte Fouque - natif de Quinson - Basses Alpes - 1,65 m - cheveux: châtains - front: large - sourcils et barbe: chatains - yeux: chatains - nez "effilé" - bouche "grande" - menton "rond"
Demeurant: quartier ... (illisible) - rue "St Marcel".
Le tout attesté par son premier employeur marseillais, Joseph Blanc - et contresigné par le commissaire de police de l'arrondissement .. (illisible) .. de Marseille.
En bas de page signature de l'ouvrier: "illiteré" (sic !)
Nota: d'après les recherches généalogiques effectuées par M. Claude Vinchon pour l'Association, on situe mieux cet ouvrier boulanger:
André Sixte Fouque est né à Quinson en 1799 - Il y décède le 27/2/1867.

Il est le fils d'un aubergiste du village lui aussi dénommé André Sixte FOUQUE (18/8/1765 - … ?) qui a épousé le 8/2/1790 Claire CHABRAN (1771 - … 24/3/1820).

De ce mariage, sont nés cinq enfants: Marie Adélaïde; Pierre Sixte - gendarme; J.B Sixte; André Sixte, notre boulanger qui épouse Marie Beuf, puis en seconde noce Marie Avond - enfin Elisabeth Théodora .


Les pages suivantes, manuscrites - confrontant la belle écriture souple des administrateurs aux lettres difficilement calligraphiées des patrons boulangers - permettent de suivre A.S. FOUQUE.

En 1822, il est chez Joseph Blanc à Marseille - puis en 1825 chez Monsieur X (illisible) qui signale "sa bonne conduite" - un autre boulanger (signature illisible) atteste que "A.S. Fouque a travaillé chez moi l'espace de six ans, dont j'en suis été très content" (sic !)

Le 26 mars 1835, Marius Bagarry certifie sa présence pendant quinze mois comme ouvrier boulanger et atteste "qu'il s'y est comporté en honnête homme".

Nota: de façon curieuse, pour la même date, ce texte figure en double exemplaire: sur la page de gauche, remarquablement calligraphié - sur la page de droite, très maladroitement ! ... est ce le recopiage du texte que le commissaire local aurait soufflé ? ..)

La dernière page, manuscrite - c'est la plus surprenante; elle n'est pas datée - et c'est bien dommage car le texte ne laisse pas d'intriguer. Elle atteste que "le sieur A.S. Fouque a travaillé chez moi quinze mois en qualité d'instituteur c'est un honnête garçon, on peut i m'écrire sans crainte, FOUQUES Marius (?) instituteur établi depuis 15 ans à Quinson".
Signé: B.BLAISE, sous chargé de MALBRET;
Les autres pages restent vierges mais sont toutes paraphées en entête par le commissaire de police, en 1822.

Conclusion:
- Comment pouvait on devenir instituteur, quand 20 ou 30 ans auparavant on était totalement illettré -et quel était le statut de l'instituteur au milieu du siècle -assurant le savoir des Quinsonnais qui passaient de la royauté (Charles X - Louis Philippe) à la 2e République en 1848 avant de résister au second empire.
- Que signifie cette double signature Blaise - Malbret ainsi que cette curieuse adresse Fouques Marius ... instituteur
- et cette école, où se trouvait elle, dans Quinson ?

Il y a de quoi prolonger nos études !
Aussi toute information sur ces protagonistes - et sur cette époque particulière qui concerne l'enseignement à l'aube de la République - serait la bienvenue grâce à vos contributions.

L'Association "Quinson, Histoire et Devenir" se chargera de poursuivre ces investigations - comme sur tout ce qui est de notre histoire - et de vous les retransmettre régulièrement.


Jean MOULY
27 décembre 2003

Quinson, Histoire et Devenir, Association 1901
dont l'objet est l'étude de l'histoire locale de Quinson, et du patrimoine historique et culturel de Quinson, afin de mieux appréhender son avenir,