Les Templiers dans la région de Quinson

Etude réalisée à partir de la conférence de Jean Mouly (27 décembre 2003)
et du livre "Montmeyan, 3 siècles d'histoire de Gabriel Henry Blanc)

Les Templiers servaient de logistique lors des croisades:
· Sécuriser les voies (routes, ports, chemins) empruntés par les pélerins.
· Construction des ouvrages militaires (forteresses, chateaux, relais,...)
· Approvisionner en vivres et armes les Turcopoles (légion étrangère des Templiers) qui guerroyait en terre sainte et sur les routes des croisades.
· Prendre en charge les transferts de fonds (ils seront les banquiers des croisades grâce à un système de lettres équivalents à nos travellers chèques actuels).


Les templiers pour cela:

· Convertiront à l'ordre des seigneurs, chevaliers, et toute personne désirant participer à l'œuvre (l'une des conditions étant de céder ses droits et possessions à l'ordre d'ou le nom des "pauvres chevaliers de Jérusalem".
· Collecteront les donations, dons, argent des pèlerins et donateurs.
· Se rendront maîtres des voies de communication, des routes de transhumance, du sel, des terres de production agricole.
· Construiront et aménageront les ouvrages de guerre défensifs, les routes et les ponts afin d'améliorer les voies vers Jérusalem.
· Déploieront un maillage de Commanderies et de maisons afin d'assurer l'approvisionnement en vivres.
· Battront monnaie.


Les Templiers installaient leur commanderie dans un lieu qui devait répondre à trois conditions:
· Etre prés d'une route (assurer le transport des marchandises)
· Etre prés d'un lieu Saint (impact spirituel).
· Etre prés d'un village riche en terres agricoles et seigneurs (disposer de richesses).

La route: celle de Quinson, avec son péage, lieu de passage des troupeaux.
Le Village: La Roquette dont il n'en reste aujourd'hui que des ruines et une tour.
Le lieu saint: le même hameau avec l'ermitage et la châsse de St Marcel.

La Commanderie, composée de 4 à 10 chevaliers et plusieurs dizaines de servants chapeautait au alentours des "maisons", lieu de production de cultures, en général installées sur d'anciennes propriétés romaines au cœur des possessions templières.
A Régusse, il devait s'agir de l'actuel domaine de La Tour (le moulin de Quinson qui lui était rattaché portera jusqu'au XVIIIe siècle le nom de Moulin de La Tour).
A Quinson, il devait s'agir de l'actuelle ferme de la Vachenque , fortifiée par quatre tours d'angle (il ne demeure que les vestiges de deux tours), bâtie sur les bases d'une riche propriété romaine.
Une autre maison dépendant de St Maurin devait se trouver à Villeneuve St Vincent.

La commanderie de St Maurin était composée:
· De bâtiments agricoles
· Des bâtiments de logement
· D'une chapelle (avec une abside en cul de poule), d'une base rectangulaire de 6 à 15 m, orientée vers Jérusalem. On remarque de très belles pierres (claveaux).

Le tout avec une rigueur militaire, basé sur la beauté de la pierre, la beauté de la taille (comme au Thoronet) selon l'art de construction des Cisterciens. On retrouve ce type de parement de blocage en pierres de taille au moulin de Beaurivet qui était de possession templière. On perçoit encore la naissance des voûtes .

Pourquoi s'être installé à St Maurin (1150)?
. La présence d'une implantation aristocratique forte qui permettait d'avoir le soutien de quelques chevaliers et/ou seigneurs:

o Les Blacas d'Aups (Seigneur également de Moustiers) donnera ses droits en mars 1201 sur le castrum de Moissac ainsi que le droit de pâture sur toutes ses terres.
o Les seigneurs Pons Albert de Beaudinard, son frère Guide de Beaudinard et ses sœurs donnent des pâturage en 1206, puis en 1223 les terres actuelles de St Vincent.
o Spada (seigneur de Riez et de Quinson) et G. Laugier, donnent en 1207 tous leurs droits (péage, lesde, passage) qu'ils possèdent sur diverses terres et confirment la donation de leur père dans le vallon de "Branig" aux liex dits "Vadal et Karump".
o Agnes Spada, épouse de Boniface de Castellane et fille de Spada, par acte du 18 mars 1221, rajoute ses droits sur deux terres au vallon de "Brang" (Branig et Brang est aujourd'hui la Mourotte par La Verdière (actuellement la Grande bastide).
o St Maurin achètera le 10 avril 1221 tout le castrum de Montmeyan aux 5 co-seigneurs .
o Hugues de Montmeyan en octobre 1164 se donne corps et bien à St Maurin ainsi que le droit de pâture sur tout le territoire de Montmeyan.
o Reines d'Uzès, en 1237, confirme les dotations de Blacas et Laugier en 1207 et donne l'autorisation d'un barrage sur le Verdon et d'un moulin à Quinson (moulin de Beaurivet).
o Guillaume de Fos donne son fils à St Maurin en 1261, puis se sera la veuve de Guillaume de Fos qui cédera tous ses droits en février 1262.

Blason de Montmeyan avec la Croix Templière

· De riches propriétés (on se souviendra du riche propriétaire romain Quintius qui à donné son nom au village de Quinson) qui approvisionnait l'armée romaine en Gaulle (céréales, bois,...)
· Un évêché solide à Riez.
· Une voie de communication, , la route (n'oublions pas que le péage de Quinson a été signé à Versailles sous Louis XIV) et qui permettait de relier rapidement le bord de mer et ainsi acheminer les richesses produites.
· Un village proche: celui de la Roquette, lieu de pèlerinage pour St Marcel qui mourut dans le monastère de St Maurice (VIe siècle) et est alors un petit village avec un château (il ne reste plus que la tour).

Le déclin: St Maurin restera jusqu'au procès des templiers (1314), passera au Hospitaliers et s'appauvrira peu à peu pour se terminer en 1349 où il ne restera qu'un seul vieux prêtre (après la peste noire de 1348 avec 24 millions de morts en Europe) .

Les terres et le Moulin des templiers seront exploités par les Hospitaliers jusqu'au XVIIIe siècle, qui deviendront seigneurs de Gréoux. St Maurin sera rattachée à la Commanderie de Marseille. On retrouve en 1722 une note du Prieur de St Gilles de Marseille lors d'une venue à Quinson pour inspecter le Verdon qui "cassait toutes les rives et détruisait les jardins". Il est furieux du dynamisme des Quinsonnais qui font tourner fort bien leurs moulins et font concurrence au sien. Il propose de les racheter afin d'être détenteur unique des trois moulins.

Conclusion:
L'implantation des templiers à Régusse montre l'importance de la route et du péage à Quinson. On en retrouve également les traces dans des cahiers de colporteurs. C'était à l'époque plus des chemins que des routes qui passaient soit au dessus, soit au dessous de la Roquette.
50 000 moutons passaient chaque année à Quinson, aux tranhumances.

Les templiers font aussi réfléchir sur les guerres saintes, le Jihad et la guerre au Kosovo.

Mathieu Grimaldi

Bibliographie:


· Le procès des Templiers de Jules Michelet (2 tomes).
· "Montmeyan, 3 siècles d'histoire de Gabriel Henry Blanc chez l'auteur à Cotignac.
· Thierry Pecout a également écrit un article sur St Maurice (St Maurin) en 1995:
" La commanderie de Saint-Maurice (diocèse de Riez) au début du XIVe siècle : du Temple à l'Hôpital ", dans Les commanderies des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes, de Malte dépendantes du Grand Prieuré de Saint-Gilles, XIIe- XVIIIe siècles,
colloque organisé à Aix-en-Provence les 27 et 28 mai 1994, Provence historique, 45, p. 49-64.
· Vie et mort de l'ordre du temple - 1118-1314 - Alain Demurger - Ed. du Seuil Points Histoire, numéro 123, 429 pages, format poche.


Association 1901
dont l'objet est l'étude de l'histoire locale de Quinson, et du patrimoine historique et culturel de Quinson, afin de mieux appréhender son avenir,